La rédaction
Acquitté à la surprise général puis libéré provisoirement en juin dernier par la CPI, Jean-Pierre Bemba a été designé vendredi 13 juillet 2018 par son parti candidat à la présidentielle du 23 décembre en RDC. De la libération à l’investiture, une partie de l’opinion congolaise pense que tout est en train d’être mise en oeuvre pour que l’ancien vice-président succéde à Joseph Kabila. Ce qui conforte ceux qui pensent qu’il y aurait une alliance entre les deux hommes.
Voici quelques indices d’une alliance inséparable Bemba-Kabila :
1. Laurent Désiré Kabila est tué. Les rébellions se neutralisent peu à peu, de 2001 à 2003;
2. Aucune rébellion, y compris le Mouvement de libération du Congo (MLC), n’a envisagé la poursuite de la guerre jusqu’au renversement du nouveau et jeune Président imposé en 2001;
3. Au mépris d’un accord global, Bemba et Kabila signent à Matadi les accords de cascade. Le 1er accepta d’être le 1er ministre du second qui resta Chef de l’Etat. Etienne Tshisekedi, Franck Diongo et Csrts, réunis dans l’ASD (Alliance pour la Sauvegarde du Dialogue inter-congolais) combattirent l’accord de cascade pour donner la chance à l’accord global et inclusif de 2002-2003. D’où, la transition 1+4 de triste mémoire (2003-2006), sans Tshisekedi ni Franck Diongo au Gouvernement ;
4. Pendant 1+4, le Pape Jean-Paul II est mort. Les deux alliés Bemba et Kabila s’envolent pour Rome à bord d’un même aéronef. Le 1er pilote l’avion;
5. A la veille du 30 juin 2005, fin de la transition 1+4 avec possibilité de la prolonger de 6 mois renouvelable une seule fois, Bemba passe à la télé et menace de mort les Kinois, pourtant visiblement décidés d’en finir avec 1+4=0, formule révolutionnaire savamment trouvée ;
6. En 2006 avant la publication des résultats de la présidentielle, Mme Mika, représentante du MLC à la CENI refuse catégoriquement de signer le procès verbal donnant Kabila vainqueur, car c’est Bemba qui avait gagné l’élection présidentielle, selon plusieurs sources concordantes et presses indépendantes, dont Radio Vatican. Le Prof. Lunda-Bululu fut le 1er à déclarer au média que Bemba a remporté le scrutin;
7. La diplomatie afro-occidentale s’activa. Bemba lâche le morceau, accepte, en contrepartie d’un accord qu’on ignore, d’être proclamé vaincu au profit de Kabila, le vrai perdant devint alors gagnant de la présidentielle 2006;
8. Après les deux guerres de Kinshasa en 2007 et 2008 entre deux amis et alliés, Bemba quitte le pays avec la bénédiction de l’Occident et quitus de Kabila pour apaiser « le climat »;
9. En 2008, après son séjour » médical » au Portugal, Bemba envisage de rentrer à Kinshasa avec l’idée de revenir occuper le poste de Chef de fil de l’opposition « républicaine » via la Belgique où il sera malheureusement arrêté. Pour rappel, une enveloppe de 2 millions de $ fut annuellement prévue dans le budget pour financer les activités de l’opposition, mais jamais activée, faute de la désignation par le Parlement d’un Chef de fil de l’opposition. Le MLC ne jurait que sur son chairman. Et Bemba revenait donc pour ça aussi. Mais le dossier de la CPI le disposait autrement. Arrêté à Bruxelles sur plainte de la RCA puis transféré à la Haye;
10. En 2011, Tshisekedi Candidat à la présidentielle face à Kabila. Le MLC refuse, sur ordre de Bemba, de soutenir Étienne Tshisekedi. Le MLC ne soutient officiellement aucun candidat Chef de l’État. Neutralité ou soutien voilé à Kabila?
11. Après l’élection présidentielle de 2011 truquée de manière ostentatoire, pendant que le Cardinal Mosengo réclamait la vérité des urnes, le Représentant du MLC à la vice-présidence CENI défie le peuple : » Celui qui a les preuves de la tricherie nous les donne… L’opposition n’a pas des preuves. ». En d’autres termes, Kabila a été régulièrement élu. Tshisekedi a perdu, oubliant que le magazine Jeune Afrique avait déjà publié les péripéties et les actes de corruption ayant entourés la signature du procès verbal donnant Kabila vainqueur de l’élection présidentielle par les membres du Bureau de la CENI du tristement célèbre Ngoy Mulunda. Aujourd’hui tout le monde reconnait la victoire d’Etienne Tshisekedi, sauf…;
12. Sur ordre de Bemba le MLC participera aux Concertations nationales au profit de la pérennisation du pouvoir Kabila;
13. Toujours avec l’aval de Bemba que l’arrangement particulier dénaturant l’accord de la CENCO sera signé devant Minaku et Kengo;
14. Le MLC s’était farouchement opposé à l’idée que le vrai Rassop ait à la fois la tête du CNSA et celle du Gouvernement, mais le faux Rassop finit par avoir et la tête du CNSA (Olenga nkoy) et celle du Gouvernement (Bruno Tshibala);
15. Le MLC s’est toujours opposé à la transition sans Kabila alors que ce dernier est hors mandat, illégal et illégitime ;
16. Le MLC avait rejeté la machine à voter, mais il est prêt aujourd’hui à aller aux élections avec ou sans la machine à voter clamant la popularité de Bemba comme si il sait déjà bien que c’est ce dernier qui serait le Dauphin caché de Kabila;
17. Bemba acquitté par la CPI. La majorité présidentielle salue et révèle que le pont de négociations avec Bemba n’a jamais été coupé;
18. Au MLC, les voix sont discordantes. Certains pensent que la politique étant dynamique, il faudra toujours privilégier les négociations pour construire ensemble;
19. La majorité présidentielle active, accélère et boucle le dossier passeport diplomatique de Bemba en prévision de son retour imminent en RDC;
20. Le feedback. Au 3ème Congrès du MLC, ce dernier invite aussi les caciques du pouvoir : Atundu, Shadary, Endulu, Lisanga Bonganga, etc. Est-ce gratuit?
21. Le passeport diplomatique est accordé à Bemba par le pouvoir de Kabila, mais le passeport même ordinaire est refusé à Katumbi;
Au vue de ce qui précède, peut-on conclure que Bemba est secrètement désigné, avec le concours de l’Occident, Dauphin de Kabila?, surtout quand on sait par ailleurs qu’à 2 semaines du dépôt des candidatures pour l’élection présidentielle que les signataires aveugles de la charte de FCC ne connaissent toujours pas le candidat de la majorité présidentielle
Attendons voir…
