MESSAGE AUX COUSINS DU 06 JUILLET 2018
Bonsoir chers cousins,
Une journée spéciale mais elle ne peut se terminer sans mon message hebdomadaire. Comme c’est le statu quo qui est à la une cette semaine, je partage avec vous cette préoccupation de mon cousin Radjoul qui a « du mal à comprendre l’impossible statu quo macronien. Au sens du Président Français, est-il urgent d’en sortir ou pas ? Alors pourquoi attendre une hypothétique réélection de Buhari en 2019 pour que le Nigeria puisse jouer son rôle si important ? Veut-il débloquer la crise togolaise ou la geler en attendant un leadership crédible au Nigeria ? ». Cher cousin, nous y reviendrons la semaine prochaine. Aujourd’hui je suis plus intéressé par certains cousins néo légalistes qui commencent par me saouler avec leurs sorties maladroites. Ce qui est intéressant au TOGO c’est que l’on reste convaincu que « ça n’arrive qu’aux autres ». Dans un passé récent je me rappelle de Pascal Bodjona chantre du Faurisme. Surtout en 2010 ses shows sur les medias internationaux lors de la campagne pour la présidentielle. S’il y a d’ailleurs, une de ses sorties que j’ai gardé en tête c’est à propos de la voiture du Chef de l’Etat qu’il venait justifier au motif que le prix importe peu mais qu’il faut retenir que le Chef de l’Etat ne peut pas rouler en charriot. En tout cas loin de gausser sur sa situation actuelle, je reste convaincu qu’en sa position actuelle il serait aussi choqué par de tels propos. Je voulais juste prendre l’exemple de mon cousin de Koumea Saoude pour interpeller certains néo communicateurs qui n’ont pas son talent mais s’amusent à se démarquer négativement au sein de l’opinion publique.
Depuis aout 2017 il y a une mode qui consiste à justifier les cas d’exécution manifeste de certains citoyens par certains citoyens en tenue par la rigueur de la loi. Soit disant que face à la menace de renversement de l’ordre légal il fallait agir. Je me demande si ceux qui crient sur les medias que c’est une révolution savent de quoi ils parlent. Un peuple en révolution n’a pas besoin de consignes. Il renverse tout sur son passage. J’ai eu à en discuter avec certains cousins inbox mais je me dis qu’une fois pour de bon je dois aborder ce sujet en mode public. Surtout quand j’ai écouté le compte rendu du dernier épisode de notre tragicomédie politique enregistrée à l’hôtel du 2 Février. Cette insistance sur la nécessité de retrouver les fameuses armes de Sokodé. J’aurais bien voulu entendre que la justice est enclenchée pour sanctionner les auteurs de présumés des assassinats survenus sur des togolais qu’ils soient civils ou militaires. Même si le nombre de civils est majoritaire à celui des militaires, le Président de la République a préféré être au chevet des militaires et s’est engagé pour que justice leur soit rendu. Il est dommage que dans ce contexte on cherche à justifier l’usage disproportionné de la force. Est-ce à dire que les auteurs présumés sont dispensés de leur responsabilité car exécutant une mission de service ? Raisonner ainsi, c’est être dans une dynamique de justifier pour le plaisir de justifier. En matière de maintien d’ordre la force létale est proscrite. Le reste n’est qu’entêtement à déterminer le sexe d’un ange. Quand on soupçonne une révolution on peut tirer sur des civils sans arme entre leurs mains et loin des locaux d’une institution de la république ? Au nom du principe de la baïonnette intelligente, on peut être tenté de dire que certains éléments de la force publique ont pris sur eux de jouer le rôle des partisans du pouvoir ? Il est dommage qu’après les travaux de la CVJR, la conséquence de l’expression de la désapprobation d’une situation politique soit le passage de vie à trépas.
Revenant à cette manie de trouver des arguments négatifs pour justifier des injustices dont nous pouvons être tous victimes demain je ne peux m’empêcher d’exprimer ma tristesse pour ceux qui s’y plaisent. J’ai même lu des gens qui se réjouissaient des morts à Madagascar pour justifier les bêtises officielles de certains éléments de la force publique togolaise. Je les invite à s’inspirer de la situation malgache dans sa globalité et non de façon sélective. Quel a été le comportement de l’armée malgache après ces morts regrettées par leur hiérarchie ? A Madagascar est-ce que l’armée a continué dans le massacre des civils après sa première bavure ? A Madagascar est-ce que le gouvernement a pris conscience de ses responsabilités et amorcé une solution de sortie de crise ? Est-ce que le Madagascar n’a pas enclenché une transition avec un nouveau chef du gouvernement ? Et au Togo on a plutôt élevé les grades du Ministre de la Sécurité et du Chef d’Etat-major General. Surement pour avoir été capables de verser le sang des togolais ? Bref j’invite nos communicateurs néo légalistes à l’objectivité face à des situations que de te cacher derrière les enjeux politiques. Mettez-vous à la place des familles victimes.
Ne soyons pas surpris de voir des gens contester le pouvoir quand ils parviennent à la conclusion que les élections sont tout sauf ce qu’elles doivent être. Aujourd’hui plus que jamais, il faut travailler pour qu’on se retrouve dans une démocratie où les élections se déroulent sans contestations. Une démocratie où l’on n’applique pas le cadre légal des élections de façon sélective. Pour rappel, la contestation est légitime et fait partie aussi d’une démocratie. Les élections font partie d’une démocratie et permettent de la réguler quand elles ne se résument pas à des formalités folkloriques. Il ne sert à rien de chercher des arguments tirés par les cheveux pour défendre juste parce que l’on craint qu’être objectif ne fera pas politiquement l’affaire de son camp. Car un caillou lancé ne peut pas avoir pour réponse une arme létale.
En ce qui concerne les armes en circulation a Sokodé : ces armes sont venues d’où pour circuler ? Et ce qui est comique à mon avis c’est que ces fameuses armes circulent mais les civils n’en ont jamais fait usage même lorsqu’ils sont violentés. Je trouve que ce CD est trop démagogique. Surtout quand ces armes n’ont jamais été signalées a Mango mais on a fini par faire de Mango une faune de fait puisque tous ceux qui sont désireux de s’exprimer ont dû déserter la zone.
Les dégâts des armes létales nous les connaissons tous. Et en l’espèce ce sont des innocents morts par balle. Sans oublier le fameux bovin pour qui un communiqué a été lu sur la chaîne nationale. Je suis désolé de voir que les gens cherchent à convaincre les facilitateurs/médiateurs que des armes létales en possession de civils seraient utilisées lors d’une manifestation organisée par leur bord présumé. Permettez-moi de faire un petit retour sur une révolution qui se trouve dans notre curriculum de formation au TOGO : la révolution française ; et après je vous inviterai à vous souvenir d’un extrait de la marseillaise.
En fait la prolifération des armes au cours de la Révolution a été un élément fondamental qui s’est présenté sous plusieurs aspects. Et dans le cadre de la formation militaire ce sont des scénarios manqués qu’on cherche à corriger. La meilleure façon de prévenir toute escalade est d’anticiper et de prendre les mesures pour que cela ne soit plus une possibilité offerte à l’autre partie. Bref accuser son cochon qu’il sent le mouton pour le tuer à temps car on ne veut pas voir des moutons dans sa maison. Les incohérences du désarmement à Sokodé et mon profil d’analyste ne me permettent pas d’ingurgiter la propagande officielle sans me questionner. Qu’est-ce qui a motivé ce jour-là le déploiement de militaires avec des armes pour encadrer une manifestation ? Si la menace était réelle un plan de réaction aurait été enclenché des que ceux-ci étaient menacés. Est-ce à dire qu’en dépit du choix d’envoyer les militaires à la place des policiers qu’on juge « femmes », les militaires n’ont pas été à la hauteur ? En réalité dans un système où les droits sont intentionnellement étouffés on reste conscient que le citoyen reste convaincu que s’il arrive aussi à disposer d’une arme il n’hésitera pas à s’en servir pour s’affranchir. En stratégie militaire, cela relève d’abord du principe de l’auto-défense, et, à ce titre, elle invoque le droit naturel de chercher sous l’effet de l’émotion à se débarrasser des obstacles à son épanouissement par tout moyen. La possession d’une arme devient la prérogative du citoyen, elle accompagne donc les formulations du droit positif à s’opposer à tout pouvoir liberticide. La dimension symbolique transcende toutefois la réglementation positive. La nature des armes en circulation renvoie non seulement à leurs usages, mais aussi aux représentations individuelles et communautaires auxquelles elles sont associées. Ce n’est pour rien que lors de la révolution française on scandait « aux armes citoyens ». Et c’est parce que les français sont restés convaincus de la justesse de cet appel qu’ils ont pris la peine de le consacrer dans leur hymne nationale. Et quand un système panique, il est plus facile pour lui d’anticiper et justifier sa violence légale en communiquant sur « une révolution armée avec des éléments de langage et de propagande subtiles ». C’est juste une stratégie pour avoir le monopole de la violence légitime. Donc ces histoires d’armes à Sokodé je n’y crois pas trop. Et plus le temps passe je suis convaincu d’être dans le bon. Surtout quand les armes prises aux militaires lors de la fameuse marche à Sokodé étaient sans munitions. Je dirai plutôt que quelques jeunes excités se sont fait piéger. Et à Mango c’est à cause des armes qu’on séquestre la population ? Et plus sérieusement je pense qu’on doit plutôt s’atteler à retrouver les armes qui ont servi entre temps au braquage sur le parking de l’aéroport ou au meurtre du libanais venu ouvrir sa quincaillerie au TOGO.
En tout cas, pour rappel, selon Günther Anders « pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes (…) Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels». Quel visionnaire ! Je constate que je ne suis pas le seul à l’avoir lu. Dans le contexte togolais, il y a une illustration du refus de prendre le recul de la part des griots du pouvoir. Ils restent scotchés à des images et des allégations. Les gens présumés détenteurs de ces armes au cours d’une manifestation n’en ont pas fait usage. Et maintenant on soupçonne qu’ils en feront usage au cours d’une prochaine manifestation ? Donc la révolution armée n’est plus spontanée ? Elle est reportée et l’effet surprise différée ?
Chers cousins, faites l’effort de tirer vos propres analyses d’une situation en intégrant les différents éléments pertinents relayés dans le débat public et privé. Ne vous limitez pas à scander des éléments de communication.
Depuis aout 2017, je suis surpris par cette obstination à s’auto convaincre que les militaires togolais en principe non compétents pour encadrer des manifestations publiques n’avaient pour seule solution que tuer. Bien qu’aucun de tous ces civils tués à ce jour n’a jamais été porteur d’armes. En réalité, depuis août 2017 nous sommes dans un cas de recours à la force de manière injustifiée contre des manifestants pacifiques et de manière disproportionnée dans les cas où certains manifestants étaient présumés violents bien avant qu’ils ne débutent leur manifestation. Bref le maintien d’ordre prémonitoire. L’utilisation illégale de la force a été systématiquement encouragée par le déploiement massif des services de sécurité et des forces de défense, en particulier des militaires en remplacement des policiers et gendarmes, pour réprimer ou tuer les manifestants. C’est clair mais beaucoup ne le comprendront pas tant qu’ils chercheront à voir les choses en partisans. Chers cousins, je vous invite par moment à voir les choses en vous mettant juste dans la posture d’un citoyen qui veut voir son pays devenir une référence.
Je m’arrête ici. Rendez-vous Vendredi Inch Allah et nous parlerons de la personne qui dirigera le prochain gouvernement de transition.
Mohamed MADI DJABAKATE
Le Cousin d’Etat